21 décembre 2010 – Texte repris du site : http://www.les3a.info/temoignages/coutumes-et-traditions-africaines/
PARAGRAPHES DU DOCUMENT
1-CEREMONIES, CELEBRATIONS, FESTIVITES
2-DOT, DEMANDE EN MARIAGE ET MARIAGE COUTUMIER
3-CEREMONIES LORS D’UN DEUIL :
== 1-CEREMONIES, CELEBRATION,FESTIVITES
==
Les coutumes africaines étant vastes et diversifiées,
et ne connaissant pas tout de l’Afrique, je ne parlerai ici que de l’Afrique
centrale qui pour moi garde à peu près les mêmes cultures et traditions.
Je me rends compte qu’africaine que je suis, je dois sans cesse apprendre pour
connaitre mes racines, d’où je viens, qui je suis.
Je pourrais me contenter, comme beaucoup d’entre nous qui sont venus ici trop
jeunes, ou qui sont nés ici, de dire « c’est normal de ne pas connaitre, mais,
n’oublions pas qui nous sommes, d’où nous venons, souvenons-nous de la terre de
nos parents. »
Le pilier de la culture africaine reste bien évidemment la famille. Très unis
en Afrique, nous ignorons le mot « SDF » ; on ne dormira jamais dans la rue,
même en étant sans emploi, on aura toujours à manger, même si ce n’est pas à sa
faim, on aura toujours à boire, même de l’alcool ! Il y aura toujours une
personne qui vous tendra la main.
Dans la culture africaine, la fille reste avec la mère qui lui apprendra
comment tenir une maison, les secrets de la cuisine et de la beauté et, bien
sûr, comment garder son mari. Elle vous dira aussi de toujours « supporter »
même si cela est difficile, dans la vie on n’obtient rien sans rien.
La femme reste la maîtresse de maison, c’est elle qui prend les décisions, gère
le budget du foyer. Autrefois, la femme ne travaillait pas. De ce fait, l’homme
subvenait aux besoins de sa famille, mais aujourd’hui, la femme travaille et
s’émancipe. Le mari subvient toujours aux besoins du foyer. La femme n’apporte
quasiment rien de son salaire ; celle-ci accomplit à son tour son devoir de
fille envers ses parents en leur apportant une aide financière ; c’est la
logique qui veut qu’une fois grande, mariée, l’on soutienne ses parents. Il
serait anormal pour une africaine de délaisser sa famille, chose qui serait
encore plus anormale pour nous les africains de l’Occident.
== 2-DOT, DEMANDE EN MARIAGE ET MARIAGE
COUTUMIER
==
Mon souvenir sur la dot, le mariage coutumier remonte
à mon enfance. Ce fut celui de mon oncle et d’une copine ivoirienne de ma
cousine, il y a 7 ans. La famille de la mariée souhaite généralement avoir des
tissus, pagnes, du poisson, de l’alcool, une somme d’argent définie a l’avance,
du sel et une bête à égorger.
Le futur gendre doit se présenter officiellement à sa belle famille, accompagné
de la sienne, jamais les mains vides et toujours entre hommes à l’exception de
la prétendante qui est conviée pour valider son choix sur l’homme, et si elle
est sure de sa décision. Les parents décident de la date du mariage si les deux
parties sont d’accord sur le montant de la dot.
Lors du mariage, les belles-sœurs sont chargées d’aller chercher la future
femme dans sa famille. Tout un cortège s’élance sur la route, accompagné des youyous
et des chants, pour signifier l’heureux évènement aux passants et aux voisins.
Chaque village ayant un chef de tribu, celui-ci se chargera de la cérémonie.
Vient ensuite le tour du chef de famille de prendre la parole pour accueillir
son gendre, en lui précisant bien qu’il vient de lui confier sa fille avec ses
deux bras, jambes et tout le reste, et si jamais celui-ci souhaitait se séparer
d’elle, il voudrait la récupérer telle qu’il leur aura confiée, pas un seul
membre manquant.
Pour moi, le mystère qui reste encore entier concerne la question du sel.
Pourquoi les mamans se retirent-elles dans une pièce avec leur fille et le sel
? Que font-elles de ce sel ? Où le mettent-elles ? Trop de questions et pas de
réponses, peut-être le saurais-je un jour, si jamais je venais à faire la même
chose.
A rappeler, que le mariage coutumier et religieux reste plus important dans la
culture africaine que le mariage civil.
Si le beau-père n’accepte pas son gendre ou à l’inverse qu’il n’y ait jamais eu
de présentation officielle, ni de dot et que la fille soit partie sans le
consentement de ses parents, comme ce fut le cas pour ma mère, le beau-père ne
mettra jamais les pieds dans la cour de son gendre. Dans mon cas, je ne suis
pas sensée porter le nom de mon père. Il n’y a jamais eu de dot et si ma mère
venait à disparaître, elle serait enterrée dans sa famille et non celle de son
mari ; elle n’est pas non plus obligée de porter l’habit de deuil. Par contre,
une femme qui aura reçu la dot, même si officiellement elle était divorcée, si
elle décède, elle sera inhumée dans sa belle famille.
Je me souviens que lorsque j’étais petite, à chaque fois que mon grand-père
souhaitait voir ma mère, il criait toujours le nom de ma mère, à l’entrée de la
maison de son gendre, tout ceci pour éviter d’y pénétrer. Il n’y a pas très
longtemps que mon acte de naissance a été enfin changé pour que le nom de mon
père soit en premier !
Le jour où il accepta de reconnaitre mon père comme son gendre, ils
effectuèrent des rites au lever du jour. Mon grand-père paternel n’étant plus
de ce monde, il fut représenté par son grand frère. On égorgea un mouton, son
sang fut mélangé au vin de palme. Mon père, ma mère, les poings liés, burent
dans un premier temps, puis vint mon tour, celui de mon oncle et de mon
grand-père maternel. Attention, cela ne représente pas la dot, mais juste que
mon père serait désormais le bienvenu dans la demeure.
== 3-CEREMONIES LORS D’UN DEUIL
==
A savoir les familles ne se mélangent pas lors d’un
deuil, et généralement nos morts sont enterrés dans nos villages. Les
funérailles sont faites en deux étapes, petites qui surviennent 4 jours après
la mise en terre pour une femme, 5 jours pour un homme, puis 1 an après pour
les grandes funérailles. C’est à ce moment que la pierre tombale est posée et
que l’on fait définitivement ses adieux au défunt. Une lampe restera jour et
nuit allumée sur la tombe jusqu’aux petites funérailles.
Avant la mise en terre du défunt, il y a les palabres. Chaque représentant de
famille a droit à la parole devant la cour, avec un bâton. Le chef de famille
du défunt doit narrer sa vie, donner les consignes qu’il a laissées avant sa
mort, les causes de son décès et combien de temps aura duré sa souffrance. Il
faut préciser ici que même les africains sont devenus monothéistes, la croyance
au super naturel reste encore très ancrée dans notre culture, donc sur ce fait,
une mort chez nous n’est jamais naturelle. Pour 50 % des cas, elle est toujours
due à telle chose ou à cause d’une tierce personne. Malgré la médecine
nouvelle, le tradipraticien n’est jamais très loin.
La cérémonie des funérailles débute à 4 h du matin, par le réveil de la (ou
les) veuve(s) qui sera amenée à la rivière pour le rituel de lavement, par ses
belles-sœurs –elles-mêmes veuves-. C’est à ce moment qu’elle quittera ses
vêtements de tous les jours pour un habit blanc qu’elle portera pendant sa
période de veuvage… Mais, pourquoi à l’inverse, les hommes ne portent-ils pas
le veuvage ? C’est une forme d’injustice.
Pour les rites coutumiers, on utilise de l’eau fraichement puisée. On ne
mélange pas les hommes et les femmes. Les hommes sont dans la cour avec un
grand feu qui brulera pendant tout le deuil et les femmes au salon ou dans la
cuisine, la veuve restant cloîtrée dans le silence, tout de blanc vêtue.
Au retour de la rivière, la veuve est assise à l’arrière-cour pour des rites.
Il lui sera demandé de procurer, lors de ce rituel, un grand récipient, une
machette, une houe, des graines, des racines et du bois. Ce bois est brûlé
devant elle et seulement ses sœurs pourront cuisiner son repas.
La grand-tante du défunt (ou de la défunte) utilisera l’eau fraîche pour les
mélanges de plantes, tout ceci toujours près de la tombe et chaque membre de la
famille, à tour de rôle, à commencer par les enfants, doit procéder au
lavement. On doit se déshabiller, la grande tante vous fait boire ce mélange
d’eau et de plantes et vous lave avec. Tout d’abord le visage (« que ton visage
brille et que la tristesse s’efface »), les pieds (« que ton pas soit léger »)
et le reste du corps pour que « tout ce que tu entreprendras dans ta vie future
réussisse ».
A 14 heures, les premières bouchées du repas se prennent à côté de la tombe et
elles ne sont jamais avalées. Puis, le reste est versé sur le tombeau.
J’ai omis de préciser que tout le monde se rase la tête et que chez nous, le
lieu d’un deuil est aussi symbole de festivités. Beaucoup viennent pour se
gaver et un deuil réussi reste celui où il y a à manger et à boire à gogo.
Un an plus tard, la veuve est reconduite à la rivière pour enlever son habit
blanc. Pour elle, une nouvelle vie recommence. C’est une façon pour les
familles de faire définitivement leur deuil.
Pour une mort accidentelle, nous devons accomplir des rituels qui, cette fois,
se déroulent dans la forêt. Ils seront effectués par une personne initiée, une
sorte de chaman chez nous.
La cérémonie se termine par un repas dans lequel seront mélangées des plantes
médicinales traditionnelles. D’après nos coutumes ancestrales, cela permet
d’éloigner la mort de nos proches, de purifier l’esprit du défunt et de nous
purifier aussi par la même occasion.
Voilà, nous espérons avoir apporté quelques réponses aux questions que nous nous posons.