African Traditions Online Encyclopedia Wiki
Advertisement

Selon la tradition endogène des descendants d’Afiri Kara, il est dit qu’Afiri Kara eut deux femmes.

La première nommée Saka (ou Saké) enfanta un fils Nkuiny Afiri qui est l’ancêtre fondateur du peuple Bekuiny.

La seconde femme, Nana Ngogo Bè, eut plusieurs enfants.

-L’ainé, Nfan (ou Mfan) Afiri est le fondateur du peuple Nfan (ou Fan ou Fang).

-Le second Okak Afiri est l’ancêtre du peuple Okak.

-Les troisième et quatrième frères jumeaux, Mevu Afiri et Ndene Afiri, fondèrent le peuple Mevu me Ndene, plus connu sous le vocable Mevu.

-Le cinquième, Bulu Afiri, est à l’origine du peuple Bulu.

-Le sixième enfant est une fille, Ngèi Afiri, qui enfanta un fils Owono Ngèi Afiri, père du peuple Ewondo.

-Enfin le septième et dernier enfant Ntumu Afiri qui est à l’origine du peuple Ntumu.

Afiri Kara

Afiri Kara

Précisons que le peuple Etono (ou Etone) est un sous-groupe des Ewondo et que les Mvaèñ sont issus de Angono Ntumu Afiri. La tradition endogène rapporte que Nfan Afiri eut des relations coupables avec la fille aînée de son petit frère, Angono Ntumu Afiri. Mis au fait que sa fille était enceinte et que le père de l’œuvre était son propre grand-frère, Ntumu Afiri pris la décision de laver l’affront en tuant l’enfant s’il était de sexe féminin. Ce fut un enfant mâle, et Ntumu Afiri trouva que c’était bien : « a ne mvaèñ ! » L’enfant prit du même coup ce nom et fut appelé Mvaèñ Angono Ntumu Afiri Kara.

Pendant l’exode, lors de la migration nord-est à sud-ouest, tous ces différents peuples formaient une même famille et parlaient une même langue. Cette langue matricielle, commune à tous ces peuples est Madzona.  Avec le temps, elle a connu des altérations qui ont donné des particularismes dialectaux qui se déclinent désormais en langue nfan, bulu, ewondo, okak, etone, nkuiny, mevu, mvaèñ ou ntumu. Ces particularités linguistiques sont fonction d’une part, du peuple en présence, et d’autre part des influences idiomatiques issues d’autres groupes socio-culturels avec lesquels des commerces de toute nature ont été établis. La langue Madzona est donc bien celle du peuple Afiri ou Ayong. En effet, l’homme qui réunit tous ces groupes est l’ancêtre fondateur Afiri Kara. Le peuple issu de son sein peut donc, légitimement comme il est de tradition, prendre le nom Afiri. Il peut aussi prendre le nom Ayong car, ayong qui veut dire famille vient de ayôn qui signifie chaleur : « awogane ayôn ! » ressentir la chaleur, en se serrant les uns contre les autres, pour faire bloc dans une unité parfaite. Les membres d’une même famille devaient être soudés et ne faire qu’un : « bi ne ayong dza ! » D’abord comme nom propre identifiant le peuple, Ayong deviendra par la suite le nom commun précédant l’identité du peuple lors de l’affirmation des groupes sociaux : ayong Bulu, ayong Ntumu, ayong Okak, ayong Nfan, etc.

Le regroupement Ayong ou Afiri pour caractériser les peuples Bekuiny, Nfan, Okak, Mevu me Ndene, Bulu, Ewondo, Etono, Mvaèñ et Ntumu est bien plus pertinent que ceux qui ont été proposés ou établis par les ethnologues du 19ème siècle. En effet, ces derniers avaient bien perçu une unité culturo-linguistique des peuples issus d’Afiri Kara, mais ignorant la substance et n’en saisissant que peu ou proue les formes, ils commirent de grossières erreurs qui malheureusement sont devenues des vérités scientifiques aujourd’hui.

Ainsi donc, Pahouin qui dérive de « mi pa miè » qui signifie en français « je ne sais pas » en langue mpongwè identifie le peuple de Nfan Afiri. Cette réponse en mpongwè venait en réaction à la question posée par les européens qui voulaient savoir qui était ce peuple nouveau sur la côte gabonaise et qui souhaitait directement commercer avec eux. La réponse négative traduisant l’ignorance de l’identité du peuple Nfan par les Mpongwè devint, comble de l’ironie, le nom identifiant le peuple issu de Nfan Afiri ! Une ignorance (Mpongwè) et une mauvaise interprétation (Européens) produisirent la première erreur : Nfan = Pahouin.

La deuxième erreur vint dans l’orthographe quand la transcription de la labiale « nf » disparut pour s’accommoder à l’orthodoxie grammaticale européenne : Nfan devint Fan ou Fang. Pourtant Fan ou Fang et Pahouin ne veulent rien dire dans le registre culturel des descendants de Nfan Afiri, tandis que Nfan signifie le vrai, l’authentique, le pur, le seigneur. D’où l’expression « me ne nfan moro ! »

La troisième erreur est la désignation de Fang comme groupe socio-culturel rassemblant tous les autres peuples Bekuiny, Okak, Mevu, Ntumu et Mvaèñ à l’exception de Bulu, Ewondo et Etono. Ces derniers se retrouvant dans le vocable Beti (ou Betsi). Beti est le pluriel de Nti. Comme Nfan, Nti veut dire le vrai, l’authentique, le pur, le seigneur. On obtint alors Fang=Bekuiny+Okak+Mevu+Ntumu+Mvaèñ et Beti=Bulu+Ewondo+Etono. Parfois, on parle du groupe Fang-Beti-Bulu ou Fang-Beti. Tous ces regroupements, faits par les ethnologues, montrent à juste titre le manque criard d’informations sur la généalogie (endan’ayong) des descendants d’Afiri Kara par ces chercheurs européens. Ces regroupements sont parfaitement erronés ; ce sont des grossières erreurs dues à l’ignorance des ascendances de ces différents peuples. Le regroupement qui sied selon la tradition endogène et généalogiste des descendants d’Afiri Kara est le suivant :

Ayong = Afiri = Bekuiny+Nfan+Okak+Mevu+Bulu+Ewondo+Etono+Ntumu+Mvaèñ.

Autres incongruités nées de l’ignorance de la langue ou de l’histoire du peuple Ayong : on entend souvent des personnes s’exprimer ainsi : « bi ne befang !» qui veut dire, selon elles, nous sommes les Fang. Première incongruité, la personne qui s’exprime ainsi peut très bien être un Ntumu (qui ignore sa généalogie ou accepte le regroupement erroné). La seconde est dans la faute d’accord ; en effet, le pluriel de Nfan n’est pas Befan mais Minfan. On devrait donc dire « bi ne Minfan !»

Troisième incongruité. On considère parfois les Mekè (ou Makè ou Mekaï ou Mekièñ) comme un peuple à part (inclus à tort dans le regroupement Fang). Ici en fait, il s’agit tout simplement de l’histoire. Akièñ me Como serait à l’origine de Mekè me como (ou Mekè tout court). Tous les descendants d’Afiri Kara, du peuple Ayong, qui allaient et traversaient le Como pour chercher de l’emploi lors de l’exploitation forestière dans la province de l’Estuaire étaient ainsi désignés.

D’autres erreurs ou inepties peuvent, ici, être relevées, mais là n’est pas l’objet de ce propos liminaire qui souhaite plutôt interpeller la conscience des descendants d’Afiri Kara sur l’importance de connaître leurs origines, savoir qui l’on est véritablement et mieux se projeter dans un avenir mondialisé.

Concernant les origines, nous souhaitons terminer en présentant quelques informations qui méritent certainement d’être complétées et qui concernent Ntumu Afiri. Nous avons vu, plus haut, qu’Angono Ntumu Afiri qui donne naissance à l’ayong Mvaèñ est la fille aînée de Ntumu Afiri. Aso’o (Asogo) Ntumu et Moro (Moto) Ntumu sont les deux enfants mâles qui seront à l’origine de plus d’une centaine de meyong.

Considérons seulement 9 meyong, soit 5 issus de Aso’o Ntumu et 4 de Moro Ntumu :

Les 5 meyong suivants sont issus de Aso’o Ntumu :

1.     Ayong Beküèñ issu de Mva Ndong Mebunu Ngbwa Aso’o Ntumu Afiri Kara. Cet ayong est apparenté à l’ayong Ndong (ou Dong) dont il est fils. En effet, Ndong Mebunu est le père de l’ayong Ndong mais aussi le géniteur de Mva Ndong, ancêtre fondateur des  Beküèñ. C’est ainsi que l’ayong Beküèñ est fils de l’ayong Ndong. Et c’est pourquoi meyong Beküèñ  et Ndong « be vumane ».

2.      Ayong Nkôdjèñ issu de Bewu Mba Mebunu Ngbwa Aso’o Ntumu Afiri Kara. Bewu Mba, plus connu par certains sous le nom de Bewu Eduga – Eduga est en fait le nom de sa mère- alla s’installer sur une colline « Nkô » peuplée de biches « odjèñ ». Nkôdjèñ devint le surnom de Bewu Eduga et sa descendance prit ce nom. Bewu Mba eut plusieurs frères : Ovo Mba qui fonda les Yevol, Evoane Mba qui engendra les Evoan, Akak Mba qui est l’ancêtre des Esakak, Bang Mba qui est le père des Esabang et Mvin Mba qui est le fondateur des Esamvin. Notons que l’ayong Esazwè descend de Zwe Bewu Mba, c’est une branche des Nkôdjèñ. On dit alors que meyong Nkôdjèñ, Yevol, Evoane, Esakak, Esamvin, Esabang et Esazwè « be vumane ».

On voit dans cette généalogie de manière évidente que meyong descendant de Ndong Mebunu (Ndong et Beküèñ) et ceux descendant de Mba Mebunu (Nkôdjèñ, Yevol, Evoane, Esakak, Esamvin, Esabang et Esazwè) ont pour ancêtre commun Mebunu Ngbwa Aso’o Ntumu Afiri Kara.

3.      Ayong Efak est issu de deux frères Edu Mvé et Eso(no) Mvé. L’ayong Yendzok descend d’Ondzok Mvé qui est le frère d’Edu Mvé et d’Eso Mvé. Meyong Efak et Yendzok ont pour ancêtre commun Mvé Mebui Mekomo Bekoko Ngbwa Aso’o Ntumu Afiri Kara. On dit que Meyong Efak et Yendzok « be vumane ».

4.      Ayong Eba est issu d’Okep Misem, fils de Misem Ze Nso Ngoro Obwa, père de l’ayong Yemisem. Les Eba sont donc un ayong fils de l’ayong père Yemisem. Parce qu’il dépeçait le gibier (aba tzit) avec dextérité, Okep Misem fut surnommé Eba. Sa descendance prit dans le même élan ce nom. Les Eba et Yemisem descendent de Nso Ngoro Obwa. Ce dernier eut plusieurs frères, Oyak Ngoro Obwa qui fonda les Oyak (ou Oyek), Som Ngoro Obwa qui engendra les Esasom, Mesi Ngoro Obwa qui est le père des Yebimvèñ, Zok Ngoro Obwa qui est l’ancêtre des Esesèñ. Ngoro Obwa Mekomo Bekoko Ngbwa Aso’o Ntumu Afiri Kara est parfois connu sous le nom de Mevele, et il est l’ancêtre commun de meyong Eba, Yemisem, Oyak, Esasom, Yebimvèñ et Esesèñ.

5.      Ayong Eseng est issu de Eyo Na’a Mbebe Esebe Ndumu Bimva Mbôñe Ndene Mekomo Bekoko Ngbwa Aso’o Ntumu Afiri Kara. Il existe bien elarameyong entre les Eseng et les Yembông issus de Mbông Na’a Mbebe Esebe Ndumu Bimva Mbôñe Ndene Mekomo Bekoko Ngbwa Aso’o Ntumu Afiri Kara. Mais également avec l’ayong Bimva issu de Bimva Mbôñe Ndene Mekomo Bekoko Ngbwa Aso’o Ntumu Afiri Kara et l’ayong Mbôñe issu de Mbôñe Ndene Mekomo Bekoko Ngbwa Aso’o Ntumu Afiri Kara. On dit que meyong Eseng, Yembông, Bimva et Mbôñe « be vumane » car ils ont pour ancêtre commun Ndene Mekomo Bekoko Ngbwa Aso’o Ntumu Afiri Kara.

On voit également ici que l’ancêtre commun de meyong Efak, Yendzok, Eba, Yemisem, Esasom, Oyak, Yebimvèñ, Esesèñ, Yembông, Bimva et Mbôñe est Mekomo Bekoko Ngbwa Aso’o Ntumu Afiri Kara.

La parenté entre les descendants de Mebunu Ngbwa (Ndong, Beküèñ, Nkôdjèñ, Yevol, Evoan, Esakak, Esamvin, Esabang, Esazwè, etc.) et de Mekomo Bekoko Ngbwa (Efak, Yendzok, Eba, Yemisem, Esasom, Oyak, Yebimvèñ, Esesèñ, Yembông, Bimva, Mbôñe, etc.) est Ngbwa Aso’o Ntumu Afiri kara.

Les 4 meyong issus de Moro Ntumu Afiri Kara :

1.      Ayong Esandôno est issu de Ndôno Nso Mbozo’o Melo Kulu Bé Moro Ntumu Afiri Kara. Les Esandôno sont apparentés aux meyong frères Omvang engendré par Omvang Nso Mbozo’o, Yemedzit fondé par Adzit Nso Mbozo’o, Esobama dont l’ancêtre est Obama Nso Mbozo’o et Esametok créé par Metok Nso Mbozo’o. Les Omvang ou les Esobama ne sont pas des Esandôno, ils en sont les frères car ils ont pour ancêtre commun Nso Mbozo’o Melo Kulu Bé Moro Ntumu Afiri Kara.

2.      Ayong Esabèñ est issu de deux frères Nyara (ou Nyata) Ebè et Zok Ebè. Nyara et Zok sont à l’évidence des surnoms de guerre qui ont passé dans l’oubli les vrais patronymes de ces deux ancêtres de l’ayong Esabèñ. Nyara Ebè et Zok Ebè ont deux autres frères Esis Ebè et Ngî Ebè. Esis Ebè engendra l’ayong Esisis, tandis que Ngî Ebè fonda l’ayong Esangî. L’ancêtre commun aux meyong Esabèñ, Esesis et Esangî est Ebè Zwè Mengo Mbozo’o Melo Kulu Bé Moro Ntumu Afiri Kara.

3.      Ayong Esangî est issu d’Akurumoro Ebè. Comme ses frères Nyara (buffle) et Zok (éléphant), Akurumoro Ebè décide de prendre un nom de guerre Ngî (gorille). Ce surnom militaire passera à la postérité : Esangî.

4.      Ayong Esabok est issu d’Obok Odu Mengo Mbozo’o Melo Kulu Bé Moro Ntumu Afiri Kara. Les Esabok sont compris dans la grande famille de l’ayong Esadumengo (d’Odu Mengo Mbozo’o) constituée de meyong suivants Esanso (de Nso Ngana Obok Odu Mengo Mbozo’o), Esamvôk (de Mvo’o Ngana Obok Odu Mengo Mbozo’o), Esamvu (Mevu Ngana Obok Odu Mengo Mbozo’o), Yemevông (Mevông Odu Mengo Mbozo’o), Zomo (Zomo Mevông Odu Mengo Mbozo’o), Fôñ (Fôñ Zomo Mevông Odu Mengo Mbozo’o), etc.

Pour finir ce propos généalogiste, nous dirons que les descendants de Moro Ntumu Afiri Kara se scindent en deux grandes familles : la famille issue de Mengo Mbozo’o Melo et celle engendrée par Nso Mbozo’o Melo.

Les descendants de Aso’o Ntumu Afiri Kara se scindent également en deux grandes familles : la famille issue de Mebunu Ngbwa Aso’o et celle fondée par Bekoko Ngbwa Aso’o.

Les descendants de Ntumu Afiri Kara se scindent en trois grandes familles : l’ayong Mvaèñ issu de Angono Ntumu Afiri, la famille fondée par Aso’o Ntumu Afiri dont nous n’avons approché que quelques meyong et la famille engendrée par Moro Ntumu Afiri où la liste de meyong n’est pas exhaustive, loin s’en faut !

En attendant que les dernières et rares bibliothèques vivantes, que sont les sages vieillards de nos villages, ne finissent dans le brasier éternel qui consume chaque vie, nous souhaitons que les rencontres culturelles ElaraMeyong, où l’on apprenait cette tradition endogène et généalogiste des descendants d’Afiri Kara, reprennent vie. Ceci, afin d’instruire la jeunesse du peuple Ayong sur sa propre identité culturelle, de lui donner les matériaux historico-culturels pour affermir sa personna lité et de susciter le construit intellectu el et moral pour qu’elle apporte sa pierre à l’édifice de la civilisation mondialisée.

Rédigé par : NGOMO Privat, Tradi-moderniste

Secrétaire général de la FONDATION MEBEGE

Libreville, le 05 décembre 2010

Advertisement